dimanche 18 mars 2012

Les limites de l'analogie

Si comparaison n'est pas raison nos jugements mettent fatalement en perspective des informations différentes bien que similaires. Le raisonnement va au-delà de l'observation de faits singuliers, et cherche à dépasser leur caractère indépendant pour les englober sous des principes supérieurs. Un homme n'est pas un chat mais tous les deux font partie du concept d'animal.

Pour justifier de ses actes l'homme a souvent recours au modèle naturel, et puisqu'il semble s'éloigner de sa propre nature il trouve bon de prendre exemple sur les sociétés animales. L'éthologie qui est la science traitant de ces comportements serait alors dotée d'au moins deux missions : comprendre l'animal, et ainsi mieux comprendre l'homme.

L'analogie est la relation de deux rapports, A par rapport à B et C par rapport à D. C'est un outil de compréhension qui peut s'avérer très utile pour illustrer un propos, au même titre qu'une autre métaphore. En poésie, le romantique peut alors exprimer l'immensité de son amour : "Tu es à mon cœur ce que la lune est à la nuit". Toutes considérations littéraires mises à part, l'analogie s'appuie sur des différences d'échelles, de nature, de temps...
Mais comparaison n'est pas raison. L'erreur est pourtant simple. L'analogie a l'apparence d'un raisonnement qui se veut général mais ne fait que mettre ensemble deux cas particuliers. Du fait qu'un cas existe, qu'il soit d'une nature différente, d'une autre époque, d'un autre lieu, on en fait une règle.
A la question : "La domination d'une espèce sur une autre est-elle naturelle ?", la réponse cliché est souvent l'argument d'une exploitation des pucerons par les fourmis. Où se trouve la rigueur d'un raisonnement philosophique qui ne fait que mettre en relation deux cas particuliers ? Si nous devons faire comme les animaux, quel modèle devons-nous prendre ? Nous pouvons faire comme cela nous arrange, nous inspirer du comportement animal dans son ensemble ou tenter de raisonner sur notre propre nature.
Tous les animaux sont vivants, car la vie est une caractéristique de l'animalité. Mais puisque tous les animaux ne dominent pas d'autres espèces, nous ne pouvons affirmer que la domination est naturelle, malgré les quelques exemples dont le plus flagrant qui est celui de l'homme.

Il faut "comparer ce qui est comparable". Les limites du jugement nous poussent malheureusement à sans cesse devoir comparer des choses différentes et pour autant semblables, cela dépend des critères d'évaluation. Comparer deux couleurs paraît tout à fait légitime d'un point de vue technique, si on mesure la clarté de l'une par rapport à l'autre, ou encore des deux par rapport à une troisième. Mais essayer par ailleurs de quantifier une valeur morale à celles-ci est complètement absurde. On se rend compte finalement qu'un jugement comparatif ne peut se faire qu'avec une valeur de référence la plupart du temps implicite mais qui fausse l'idée d'une comparaison "pure" et objective. L'analogie, si utile soit-elle, ne doit servir qu'à montrer et peut difficilement prétendre démontrer.

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